Si les Phéniciens, fondateur de Ruspina, avaient élu domicile dans ce promontoire, ce n’était, certainement pas par hasard. On savait leur souci sécuritaire et la grande importance qu’ils accordaient à l’emplacement du site dans lequel ils envisageaient de s’installer. Monastir fut l’endroit idoine.
Si Jules César avait choisi Ruspina pour préparer la guerre contre les pompéiens, ses ennemis jurés, et réunit une armée de près de 36 mille guerriers dans cette contrée, ce n’était nullement par hasard, non plus.
Si le prestigieux Hannibal avait ordonné de larguer les amarres à Leptis Minor, à quelques encablures de Ruspina avant d’établir son quartier général à Hadrumète, ce n’était non plus par hasard.
Si les musulmans forts de plusieurs succès dans leur conquête, décidèrent d’élever le premier Ribat à Monastir même, ce n’était certainement par hasard non plus. Ce promontoire ou plus précisément cette presqu’île leur offrait l’endroit qui leur permettait un parfait contrôle de la cote.
Si l'arrivée tant redoutée et redoutable des Hilaliens au milieu du 11ème siècle était synonyme de vandalisme et de destruction pour bien de villes tunisiennes dont la ville sainte de Kairouan, comment expliquer leur décision d'épargner Monastir et son Ribat ?
Il y va de même du célèbre Abou Yazid Mokhalled Ibn Kidad plus connu sous le sobriquet de Saheb Al Himar qui se révolta contre les Fatimides encercla les villes de Sousse et de Mahdia mais n’entreprit aucune action de représailles contre Monastir.
Phénicienne, Ruspina l’était. Ne pouvant échapper du sort de Carthage, Elle fut également Romaine et connut une prospérité sans précédent avant de sombrer dans l’oubli et rester des centaines d’années durant ensevelit sous des tonnes de terre que les fouilles récentes commencent à mettre à nu et que les historiens et autres archéologues commencent à déchiffrer et interpréter. Elle était Arabe et musulmane. Elle le demeure aujourd’hui et vraisemblablement pour l’éternité !!!
Acteur et témoin d’un destin exceptionnel, Monastir a su, à travers les siècles conserver le fil qui la relie au ciel, grâce à la généreuse présence de l'esprit contemplatif et créateur tel qu'il se matérialise dans les monuments et les divers vestiges de la gloire antique.
Monastir est une terre bénie au destin exceptionnel. La Baraka dont elle est investie pourrait expliquer à elle seule la volonté de nombreux fakihs et autres savants d’être enterrés, une fois morts, dans cette ville aux sept portes et aux remparts bien forts. Pour ce faire, plus d’un cortège funèbre marin avait sillonnée la mer séparant Mahdia de Monastir pour leur permettre, selon leur vœu, d’être enterrés dans l’enceinte même de l’imperturbable Ribat ou tout autour.
Le secret est que Monastir la pieuse fut pendant de longues années la « Qibla » de nombreux savants et autres Ulémas qui venaient enseigner dans son Ribat ; voire de ses Ribats et y séjourner pendant des périodes plus ou moins longues.
Le plus illustre de ces savants fut incontestablement Sidi El Mezri, le saint patron de la ville. Né à Mazzara d’El Valo en Sicile musulmane (de 948 à 1091), il s’installa à Mahdia et fréquenta pendant une longue période les Ribats de Monastir et particulièrement celui de Sidi Dhouib. A sa mort et suivant ses vœux, sa dépouille fut transférée de Mahdia à Monastir où un grand Mausolée fut édifié autour de son tombeau. Et les exemples sont nombreux. La même question demeure : Comment expliquer l’existence de nombreux Marabout, hommes et femmes, avec leur Mausolée essaimant le cimetière marin de la ville : Sidi Bou Ali, Sidi Makhlouf, Lella Bergaouia ou encore Lella Féthia, etc. ?
La réponse aussi demeure la même, invariable depuis des millénaires : Monastir, une porte du Paradis ! Un Hadith imputé au Prophète Mohamed en parle. Beaucoup y croient. D’autres doutent de son authenticité. Peu importe, sommes- nous enclin de dire. Les faits sont là. Nous nous contentons de dire que Monastir a la Baraka. Et c’est cette même Baraka qui avait épargné à la ville des bombardements des Français du temps de l’occupation.
Monastir avait et a toujours la baraka. N’est-ce pas elle qui a enfanté le grand leader Habib Bourguiba qui avait tenu tête au colonialisme Français avant d’obtenir l’indépendance du pays et de jeter les bases de la Tunisie moderne dont il assura la présidence plus de 30 ans durant (1956–1987).
Monastir a non seulement donné à la Tunisie nombreux martyres, elle a également enfanté de nombreux commis de l’état qui ont œuvré pour le développement du pays avec un dévouement remarquable et une fidélité exemplaire.
Monastir que la nature a habillée d'un manteau d'oliviers est aujourd’hui un cadre naturel enchanteur, une cité au rayonnement historique, culturel, politique, commercial, universitaire et touristique.
Cette position avancée dans la mer a également fait de cette presqu’île un lieu chargé d’histoire, tumultueuse par moment, sereine dans d’autres mais ne laissant jamais indifférents. Combien cette ville a-t-elle enfanté de savants éclairés, de Cheikhs vénérés ou encore de politiciens avisés ?
Combien Monastir a-t-elle été le détonateur d’actions ayant eu des répercussions positives au niveau de tout le pays ?
Qualifiée tour à tour de « ville sarrasine », de « place forte », de « cité de plaisance » de « ville unique d’un charme particulier », et de « joyau scintillant du Sahel », pour ne citer que ces qualificatifs employés par des voyageurs, journalistes, historiens et autres écrivains qui avaient visité Monastir du Moyen âge au début du 20ème siècle, Monastir est et restera la ville qui accueillante qui charme le visiteur à telle enseigne qu'il ne demande plus qu'une seule et unique chose : s'y installer pour la vie et pourquoi, se frayer une place dans son beau cimetière marin après une vie trépidante.